L'attente

Quand je ne te vois pas, le temps m’accable, et l’heure
A je ne sais quel poids impossible à porter :
Je sens languir mon coeur; qui cherche à me quitter,
Et ma tête se penche, et je souffre et je pleure.
Quand ta voix saisissante atteint mon souvenir,
Je tressaille, j’écoute … et j’espère immobile,
Et l’on dirait que Dieu touche un roseau débile,
Et moi, tout moi répond : Dieu ! faites-le venir !

Quand sur tes traits charmants j’arrête ma pensée,
Tous mes traits sont empreints de crainte et de bonheur,
J’ai froid dans mes cheveux, ma vie est oppressée,
Et ton nom, tout à coup, s’échappe de mon coeur.
Quand c'est toi-même enfin ! quand j’ai cessé d’attendre,
Tremblante, je me sauve en te tendant les bras,
Je n’ose te parler, et j’ai peur de t’entendre,
Mais tu cherches mon âme, et toi seul l'obtiendras !
Marceline Desbordes-valmore

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Savez-vous qu’un jour
L’homme est seul au monde ?
Savez-vous qu’un jour
Il revoit l’Amour ?

Vous appellerez,
sans qu’on vous réponde,
vous appellerez,
Et vous songerez !…

Vous viendrez rêvant,
Sonner à ma porte,
Ami comme avant
Vous viendrez rêvant.

Et l’on vous dira :
« Personne !… elle est morte. »
On vous le dira,
Mais qui vous plaindra ?

Marceline desbordes-Valmore

                                     

 

Qu'a-tu fais de mon coeur ?
 


Vous aviez mon cœur,
Moi, j’avais le votre :
Un cœur pour un cœur;
Bonheur pour bonheur !

Le vôtre est rendu;
Je n’en ai plus d’autre,
le vôtre est rendu,
le mien est perdu !

Comme un pauvre enfant
Quitté par sa mère ;
Comme un pauvre enfant
Que rien ne défend.

Vous me laissez là
Dans ma vie amère,
Vous me laissez là,
Et Dieu voit cela !