AU SOIR DE MA VIE

Ce que nous faisons pour le Christ, c’est cela qui compte.
Au soir de la vie, il n’y a pas de plus grand bonheur que de l’avoir aimer. La fidélité du jeune homme au Christ est payée au centuple par la fidélité du vieillard qu’il sera un jour. Ce jour lui paraît si lointain.
Et à moi, que la jeunesse me semble si proche ! C’était hier, il me semble, que j’étais l’un de ces garçons. Et je n’ai aucune peine à me représenter leur vie, à imaginer leurs difficultés, ces entraînements, cette brusque folie et, à certaines heures, la tentation de tout renverser et de ne plus reconnaître d’autre loi que celle du désir. Mais ce n’est pas le désir, c’est la pureté ou du moins l’effort, le combat que nous menons pour la sauvegarder ou pour la reconquérir, qui fait de nous des vainqueurs.

FRANCOIS MAURIAC