En rassemblant plus d'un million de jeunes pèlerins dimanche autour de son nouveau pape Benoît XVI, à l'issue des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), l'Eglise catholique peut affirmer qu'elle attire encore et malgré tout des jeunes en quête de sens.
Quelque 250 millions de téléspectateurs dans le monde ont en outre suivi la messe finale sur le site du Marienfeld, près de Cologne.
Parmi les jeunes de 193 pays représentés de mardi à dimanche aux XXèmes JMJ, les positionnements les plus divers vis à vis de la foi pouvaient être observés, selon les interviews conduits par l' AFP : des jeunes "Légionnaires du Christ", membres d'un mouvement complètement dévoué au Vatican , à des jeunes en recherche de Dieu, de milieux non ou peu croyants, n'allant jamais ou rarement à l'église, venus pour entendre un témoignage de foi fort.
Les jeunes gens de milieux aisés européens semblaient plus nombreux que ceux de milieux et pays pauvres, qui avaient été aidés financièrement à venir par leurs diocèses ou de puissants mouvements d'Eglise. Certains de ceux-là, encouragés par l'ancien pape, affichaient leur identité catholique.
L'effet Jean Paul II, créateur des JMJ, a joué dans le succès des JMJ, mais ne suffit pas à l'expliquer. Ce succès montre la présence souterraine du religieux dans une société de consommation sécularisée génératrice de frustrations.
Benoît XVI, 78 ans, ancien gardien strict de la doctrine catholique, a su délivrer un message clair axé sur la foi et le "bonheur" d'être chrétien, sans délivrer de leçon de morale. C'est ce que les jeunes attendaient d'un pape qui s'est moins mis de l'avant que l'ancien acteur qu'était Jean Paul II.
Son message a été applaudi par exemple quand il parlait de la fréquentation de la messe du dimanche. Message de la tradition catholique, mais formulé de manière pédagogique.
"L'Europe signifie pour Benoît XVI la réconciliation de la foi et de la raison, du christianisme et de la culture. C'est un projet ambitieux et, au delà des questions de morale sexuelle, un projet auquel le continent doit accepter de se confronter de manière conséquente", écrit le quotidien de gauche Frankfurter Rundschau.
Tobias Raschke, des jeunes catholiques contestataires "Nous sommes l'Eglise", qui a organisé des distributions de préservatifs sauvages aux JMJ, a déploré que le pape n'ait pas évoqué ces sujets de société: "ces rassemblements restent fixés sur le pape", a-t-il dit lundi à l'émission télévisée Morgenmagazin. Il a déploré que les contestataires n'aient pas été invités.
Durant sa visite de quatre jours, Benoît XVI aura été par ailleurs le deuxième pape, après Jean Paul II, à pénétrer dans une synagogue, condamnant le "crime inouï" de la Shoah. Il a aussi rencontré des musulmans, avec qui la coopération est "vitale" face au terrorisme , et des protestants.
Cependant, en dénonçant la cacophonie entre chrétiens sur les questions de société, il a semblé montrer qu'il n'était pas prêt à céder beaucoup aux protestants dans ces domaines.
A l'aéroport de Cologne avant son départ, dimanche, un pape revigoré a estimé que les JMJ avaient permis, en contraste saisissant avec l' Allemagne nazie, de confirmer "qu'a existé et existe l'autre Allemagne , pays aux ressources culturelles et spirituelles singulières". Il a appelé au "renouveau authentique de toute la société, grâce aussi au dialogue avec les différentes communautés chrétiennes et les autres religions". Pour lui, l' Allemagne puise sa richesse dans son héritage catholique, ce qui n'est pas l'avis de tous.
Les prochains JMJ se tiendront en 2008 à Sydney , à l'autre bout du monde, près de l'Asie. Elles pourraient être plus réduites, même si les réseaux de solidarité désormais bien rodés des JMJ réussiront sûrement à faire venir des fidèles des cinq continents.
22.08.2005 - 12:38
