Quand j'aurai 40 ans... Si on me laisse le temps
J'veux que ma maison soit pleine comme toujours
De bruit, de déraison, de calme, et puis d'amour
Qu'il y ait des poivrots, musiciens et poètes,
Des vrais, qu'ont du talent et qu'ont pas la grosse tête.
Ceux avec qui j'ai fait du temps des pique-assiettes
Des baise-mains perfides sur les mains indiscrètes
Des vieilles jeunes du 16ème qui nous faisaient venir
Pour 2000 anciens francs faire les clowns dans leur luxe,
Mais avec la promesse un jour d'intervenir
auprès d'un vieux ministre qui connaitrait Guy Lux.

Je veux qu'il y ait toujours dans ma maison d'amour
Des hommes cultivés qui parlent d'ésotérisme
Devant des filles bébettes mais belles comme le jour
Qui entendent science occulte et comprennent érotisme.

Dans ma maison d'amour  dans ma maison d'amour

Quand j'aurais 50 ans... Et oui, si on me laisse le temps
Si je suis comme toujours dans ma maison d'amour,
J'aimerais que mes enfants s'ils n'ont pas foutu le camp
Connaissent les vieux chacals, les requins, les loups de mer
Avec qui je suis tombé dans toutes les galères,
Toutes les embuscades de St Germain des Prés
Quand on sortait des boites complètement beurrés.
Et bien, à 50 ans, je le ferai encore
Je suis sûr qu'un matin on nous foutra dehors
Parce que d'un bilboquet on fera la fermeture
Et qu'on ira pisser sur les roues des voitures.

Je veux qu'il y ait toujours dans ma maison d'amour
Des hommes qui aiment les chiens et surtout les enfants,
Des hommes qui croient en tout, et même au père noël
Et qui disent à leur femme qui vieillit... Tu es belle.

Dans ma maison d'amour  dans ma maison d'amour

Quand j'aurai tant et tant... Si on me laisse le temps
Que mes copains viendront sur leur fauteuil roulant
Le comparer au mien avec un petit sourire
Je veux que tous ensemble, nous parlions d'avenir.
Pas de rides, pas de lunettes, pas de fauteuil, pas de canne,
même que nous danserons sur le dernier Bob Dylan.
Je ne veux pas qu'on parle et je serai sévère,
Je ne veux pas entendre un seul mot sur la guerre.
D'autres en parlent pour nous...
Mais c'est vrai moi aussi, v'là que j'avais oublié mes 3 ans d'Algérie

Je veux qu'on boive un coup et qu'on fasse des fredaines
Et puis que nos enfants se moquent de nos bedaines
Et puis je veux que nos femmes nous fassent encore le coup
De l'amour-amitié, du baiser dans le cou
Avant que les huissiers survolent comme des vautours notre maison,
Fermons nos portes à double tour.
J'aimerais cette nuit pour attendre le jour
Qu'on ferme encore les yeux
Et qu'on fasse l'amour.

Pierre Vassiliu