Dérangeante humilité de Dieu
Déjà l'Avent ! Aurons-nous assez d'audace pour ne pas considérer la nouvelle année liturgique qui commence comme une banale répétition, et saurons-nous ne pas négliger la nouveauté qu'elle propose ?
Noël n'est pas un but à atteindre. Noël est le moyen de nous rappeler que Dieu vient à notre rencontre dans ce qui est la simplicité même : un enfant. L'Avent devient alors le temps de l'apprentissage de la reconnaissance de la présence de Dieu.
L'Évangile de Matthieu, le premier dimanche de l'Avent, a cette expression magnifique : Les gens ne se sont doutés de rien (24, 39), et pourtant Noé avair reconnu les signes de Dieu et s'était empressé d'y répondre.Il en va de même aujourd'hui, les gens ne se doutent de rien et pourtant Dieu est présent au milieu du monde. Serons-nous de ceux qui savent déchiffrer sa présence ? Serons-nous de ceux qui voient l'invisible dans ce qui est petit, ordinaire, faible et fragile ?
La nouveauté radicale à laquelle nous convie l'Avent tient justement dans cette attention aux humbles signes où Dieu parle. Combien de fois par jour sommes-nous invités à nous pencher vers les pauvres, les démunis de toutes sortes, les blessés de la vie ? En eux, Dieu se fait reconnaître. Oui, il faut du courage et de la persévérance, un coeur attentif et vigilant pour comprendre où nous entraîne l'incarnation de Dieu qui a voulu être reconnu pauvre parmi les pauvres.
Heureux Avent qui dérange nos habitudes pour nous faire entrer dans la nouveauté des manières de Dieu.
Heureux celui qui prie avec l'Église
La Béatitude : « Heureux celui qui prie avec l'Église » est de la plume du célèbre bénédictin dom Prosper Guéranger (1805-1875), l'un des grands artisants du renouveau liturgique dans l'Église catholique romaine. Ainsi débute sa monumentale Année liturgique : « La prière est pour l'homme le premier des biens. [...] Mais de nous-mêmes nous ne savons pas prier comme il faut.» Après avoir souligné que l'Esprit réside dans l'Église, il poursuit : «La prière de l'Église est la plus agréable à l'oreille et au coeur de Dieu et, partant, la plus puissante. Heureux donc celui qui prie avec l'Église. »
L'une des manières privilégiées de prier est de suivre le rythme de l'année liturgique et de puiser dans les trésors offerts par le Missel romain. En effet, l'année entière célèbre «par une commémoration sacrée l'oeuvre salvifique du Christ» (Normes universelles de l'année liturgique, n° 1, Missel romain) et, d'autre part, «la prière publique de l'Église est la source de la piété et l'aliment de la prière personnelle» (Sacrosanctum concilium, n° 90).
Le temps de l'Avent a une double caractéristique que chante sa préface : « Le Christ est déjà venu, en prenant la condition des hommes [...]; il viendra de nouveau, revêtu de sa gloire » (1ère préface de l'Avent). «C'est à la fois un temps de préparation aux solennités de Noël où l'on commémore le premier avènement du Fils de Dieu parmi les hommes, et un temps où, par ce souvenir, les âmes sont tournées vers l'attente du second avènement du Christ à la fin des temps» (Normes universelles de l'année liturgique n° 39). L'Avent est, par conséquent, « un temps de pieuse et joyeuse attente » (ibid). C'est justement ce que le Missel romain met en oeuvre pour conduire les fidèles dans cette orientation.
Mais, les «oraisons présidentielles» (prières dites par le prêtre) sont trop souvent ignorées et finissent par passer inaperçues alors qu'elles sont destinées à focaliser et rassembler la prière de toute la communauté. La première oraison revêt un poids particulier, c'est la «prière d'ouverture», à laquelle notre missel actuel a rendu le beau nom de « collecte ». Suivons-les.
■ Bernadette Mélois
Rédactrice en chef