Le moyen d'être un internaute citoyen !

 

Sur le web, comme partout, il y a ceux qui ne respectent pas les règles. Le peer-to-peer, système par lequel les internautes peuvent échanger des données de l'un à l'autre, a ses dérives pirates. Mais c'est aussi l'essence du web, à laquelle il serait bon d'aller...

C'est quoi, le P2P ou peer to peer (pour les non anglophones, prononcez "pir tou pir") ? C'est une manière d'utiliser le web, pour échanger des données, d'une personne à une autre. Une sorte de grande bourse d'échange. On donne, et on reçoit. Les réseaux locaux sans fil en sont un exemple (lire notre article De mini "internets", sans fil ). Il y a aussi de nombreuses "communautés", par exemple les généalogistes, qui mettent à disposition de tous le fruit de leurs recherches... Pourtant, l'essentiel des peeristes sont des pirates, vous en avez sûrement quelques uns dans votre entourage, qui vont se procurer des musiques et des films sur lesquels ils ne payent aucun droit d'auteurs...
Il faut dire que faire du P2P, c'est facile : il suffit de télécharger sur son ordinateur un programme d'échange (le plus connu étant Kazaa ), à partir duquel on peut mettre à disposition de la "communauté" ses données, et aller chercher celles que l'on recherche.
Même s'il y a de regrettables dérapages, le P2P est avant tout une façon coopérative d'utiliser le réseau, et le contraire de l'architecture prédominante sur le net, celle où les clients vont (sans le savoir !) sur un serveur chercher l'information qui les intéresse et se servent sans rien donner en retour... Finalement, c'est un retour aux sources de l'internet, du temps où des spécialistes échangeaient des informations avec d'autres spécialistes, sur ce réseau alors réellement coopératif...  

Comment on est passé
du partage... au commerce


Les choses ont ensuite bien changé, comme l'explique le journaliste spécialisé Olivier Abou sur son site, abou.org  : "en fait, il existe une confusion dès le départ : Internet est gratuit. Cette erreur, érigée en modèle économique, a entraîné des échecs cuisants. Pourtant, le véritable modèle du Net, c'est le partage, ou l'échange, mais sûrement pas la gratuité. (...) La confusion est née dans les années 1994" avec la démocratisation de l'internet. "L'esprit de partage qui existait sur Internet s'est transformé, dans l'argumentaire commercial" des fournisseurs d'accès, "en ressource gratuite. Et les internautes se sont mis à consommer de l'Internet, sans donner... Fort logiquement, on retrouve ce phénomène sur les réseaux P2P qui, à l'origine, désignent des réseaux d'échange. Or, comme l'attestent maintenant plusieurs statistiques, plus de 90% des utilisateurs se servent sans rien donner. D'un réseau de partage, on arrive à un réseau de consommateurs. (...) Conséquence : cette fausse gratuité a tendance à disparaître dans un mouvement logique où ceux qui donnent décident désormais de vendre, puisqu'ils ne reçoivent plus rien en échange. "  

Soyez un internaute citoyen


Perversion du système, ce très bel outil de partage se réduit désormais bien souvent à un bête mode de consommation, et le mouvement risque de continuer à s'accentuer. Il peut même aussi devenir, selon l'utilisation que l'on en fait, un moyen d'appropriation très égoïste et répréhensible... Mais... on n'a encore jamais trouvé comment empêcher les chauffards de rouler à 200 km/h sur l'autoroute, ou les individus de jeter leurs déchets dans la nature... On n'empêchera pas non plus complètement les pirates du dimanche et les détraqués de sévir sur le web.
Pourtant, de la même façon que dans de nombreux domaines de la vie, on peut avoir un comportement respectueux de la communauté, on peut aussi être un internaute citoyen, et utiliser cet outil non seulement pour télécharger des musiques (moyennant paiement, à moins qu'il s'agisse de musiques en utilisation libre !), ou faire ses courses sans sortir, mais aussi pour améliorer ses connaissances, et en faire profiter les autres... Allons jusqu'à dire qu'internet, et le P2P, est un moyen de mieux coopérer et partager... A condition de bien l'utiliser. C'est juste une question de civisme !
Pour terminer de nourrir votre réflexion, allez faire un tour sur artlibre.org pour découvrir comment des artistes ont défini une licence par laquelle ils autorisent la diffusion libre et gratuite de leurs oeuvres, à condition que cela soit à usage privé. Toute utilisation lucrative, elle est payante. Lisez aussi le très bon dossier de courrier international qui propose de réfléchir à une autre façon de diffuser les œuvres, sans intermédiaires, tout en protégeant les artistes et les rémunérant bien mieux qu'ils ne le sont actuellement. Témoignage aussi d'un intéressant collectif d'auteurs Italiens qui autorise le téléchargement de ses livres sous cette licence..., parce que ça leur permet d'en vendre beaucoup plus ! Il suffit juste de changer notre regard sur les choses...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Juridique - La justice américaine a donné satisfaction à l'industrie du cinéma, qui réclamait la fermeture du site Loki Torrent, l'un des maillons du réseau P2P Bit Torrent. Mais ses utilisateurs peuvent toujours se connecter au réseau, via d'autres sites web.

SAN FRANCISCO - La Motion Picture Association of America (MPAA), le syndicat des majors du cinéma américain, a porté un nouveau coup au vaste réseau  peer - to - peer Bit To rrent . Une cour fédérale de Dallas vient d'ordonner la fermeture de Loki Torrent (loki torrent.com), un des serveurs "trackers" du réseau qui aggrègent des listes d'oeuvres (films, albums, jeux vidéo, logiciels) disponibles en téléchargement.

Sur le site web , un message laconique de la MPAA donne le ton. «Vous pouvez cliquer, mais vous ne pouvez pas vous cacher […]. Voler des films laisse une trace. La seule façon ne pas se faire prendre est de ne plus le faire.»

Par ailleurs, l'intégralité des fichiers logs des serveurs de Loki Torrent doit être transmise à la partie plaignante, qui envisage «probablement» d'engager de nouvelles poursuites contre des particuliers. «Nous aurons sans doute des informations sur les visiteurs de Loki Torrent, qui ont pratiqué le piratage de divertissements cinéma to graphiques», indique John Malcom, directeur des opérations mondiales anti-piratage de la MPAA. «Nous allons les analyser, et décider des actions appropriées à prendre.»

D'autres procédures contre des sites de P2P vont être lancées, a ajouté le syndicat des majors, qui a obtenu ces derniers mois la fermeture de sites tels que SuprNova.org et Youceff.org.

Bit Torrent a le soutien de Morpheus et eDonkey

Aucuns chiffres précis sur la fréquentation du site Loki To rrent ne sont disponibles. Mais des chercheurs de l'université néerlandaise de Delft, spécialisée dans les sciences, estiment qu'il a permis plus de 800.000 téléchargements pendant le seul mois d'oc to bre.

Le gestionnaire du site, Edward Webber, n'a pas répondu à nos appels. Face aux menaces de la MPAA, il avait lancé un appel aux utilisateurs de Loki Torrent pour l'aider à financer ses frais juridiques. L'opération lui a permis de récolter plus de 30.000 dollars.

Si Loki Torrent et consorts ne sont plus disponibles, ses utilisateurs ont d'autres ressources possibles pour accéder aux serveurs du réseau Bit Torrent. Les systèmes peer - to - peer Morpheus, eDonkey, Shareaza et dernièrement  Exeem , notamment, ont connecté leurs réseaux au sien. Leurs moteurs de recherche permettent donc d'obtenir, toujours, les fichiers Bit Torrent.

La MPAA a déjà intenté des actions en justice dans différents pays, dont l'Autriche, la Finlande, la France, les Pays-Bas ou encore Hong Kong. Des sites web qui procuraient à leurs utilisateurs, via un abonnement payant, des copies de films protégés par le copyright, ont également fait l'objet de plainte. Il s'agit de Brandnewmovies.com, Moviepros.net, Downloadmuch.com et Downloaditall.com.

 

 

 Les sites gratuits,
les sites payants



 P2P : les artistes
contre la répression (1)



 P2P : les politiques
contre la répression

  P2P : les artistes
contre la répression (2)



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Alexis (*), le premier internaute français poursuivi au pénal par les producteurs et les maisons de disques, a été condamné le 2 février à 3.000 euros d'amende avec sursis (annulée au bout de cinq ans) et à 10.200 euros de dommages et intérêts. Le tribunal correctionnel de Pontoise (Val-d'Oise) l'a reconnu coupable de contrefaçon pour avoir téléchargé et mis à disposition sur un réseau " peer - to - peer " dix mille fichiers musicaux, entre août 2003 et août 2004.

Les quatre parties civiles, qui se partageront les dommages et intérêts, sont la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique), la SCPP (Société civile des producteurs phonographiques (SCPP), la SPPF (Société civile des producteurs de phonogrammes en France) et la SDRM (Société pour l'administration des droits de reproduction mécanique).

Les juges ont considéré que «les utilisateurs des systèmes [P2P] doivent prendre conscience notamment de la nécessaire protection des droits des auteurs, compositeurs ou producteurs des œuvres de l'esprit », rapporte la SPPF dans un communiqué.

Un jugement plutôt sévère. Le procureur de la République avait requis 1.500 euros d'amende. Et les parties civiles avaient réclamé au total 28.366 euros de dommages et intérêts. Elles ont eu beaucoup moins. Pour autant, la SPPF se félicite du «caractère proportionné et exemplaire de ce jugement».

Contactée par ZDNet , Murielle Cahen, l'avocate d'Alexis, a indiqué que son client n'avait pas encore pris la décision de faire appel, ou non, de ce jugement.

(*) Alexis est un pseudonyme pour respecter la volonté d'anonymat du prévenu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le peer to peer et la crise de l'industrie du disque : une perspective historique

Les changements technologiques ont souvent remis en question l'organisation de l'industrie 2004. Mis en ligne le lundi 3 janvier 2005.

Résumé

Les échanges de fichiers musicaux sur les réseaux peer to peer, comme Kazaa ou eMule, sont rendus responsables de la réduction des ventes de musique enregistrée depuis la fin des années quatre-vingt-dix. Dans cet article, nous présentons les caractéristiques de cette crise, pour les Etats-Unis et pour la France, et nous analysons les facteurs qui peuvent l'expliquer. Nous montrons que, dans le passé, les changements technologiques (apparition de la radio, du 33 tours ou de la cassette) ont souvent aussi remis en question l'organisation de l'industrie, provoquant l'entrée de nouveaux acteurs ou la modification des modèles d'affaires. La crise « numérique » de l'industrie du disque a ceci de particulier qu'elle touche à la fois le support (avec la dématérialisation de la musique) et la promotion (avec de nouveaux outils permis par les technologies de l'information, comme les communautés d'expérience).

Mots-clés : Industrie du disque ; Internet ; Peer to peer.

 

1. Introduction

C'est l'invention du phonographe en 1877 par Thomas Edison qui marque la naissance de la musique enregistrée. Depuis cette date, la consommation de musique enregistrée s'est développée rapidement pour devenir un divertissement de masse. Aujourd'hui, par exemple, un Américain moyen consacre en moyenne 9,1% de son temps de loisir à cette activité, contre 2,6% en 1970 et on estime que la durée d'écoute de musique enregistrée du même américain est de 45 minutes par jour. Il s'agit aussi d'une industrie qui réalise des revenus relativement importants. En 2001, le chiffre d'affaires mondial pour la musique enregistrée (tous formats) était ainsi de 33,7 milliards de dollars, contre un peu plus de 40 milliards de dollars pour l'industrie du cinéma. En France, le chiffre d'affaires de l'industrie était de 1,6 milliards d'euros environ en 2003 .

Les progrès récents des Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) modifient profondément les règles du jeu de cette industrie sous deux aspects. Tout d'abord, la dématérialisation et la numérisation du « bien musical » permettent sa reproduction pour un coût marginal nul. Par ailleurs, un morceau de musique numérique (c'est-à-dire, dématérialisé) peut être distribué à un coût négligeable sur Internet. Ceci est dû à la fois à la baisse marquée des coûts de réseau et aux progrès réalisés dans les standards de compression, comme le standard MP3, qui ont réduit fortement la taille d'un fichier musical. 

La conséquence la plus visible de la baisse des coûts de reproduction et de distribution est le développement des réseaux peer-to-peer (P2P). Sur ces réseaux, comme Kazaa ou Gnutella, les internautes échangent massivement des fichiers, et en particulier des fichiers musicaux, pour un coût marginal quasiment nul. Ces échanges de musique numérique, qualifiés de « pirates », menaceraient l'équilibre économique de l'industrie du disque. Par exemple, selon l'International Federation of the Phonographic Industry (IFPI), les ventes mondiales de disques ont diminué pour la quatrième année consécutive en 2003. Aux Etats-Unis, le syndicat de l'industrie du disque, la Recording Industry Association of America, indique que le nombre de CD vendus sur son marché a baissé de 14% entre 1999 et 2002, et que cette baisse est en grande partie attribuable aux échanges de fichiers musicaux sur les réseaux P2P. Le même argument est repris dans d'autres pays, en France en particulier.

Une perspective historique montre qu'il ne s'agit pas de la première crise que doit traverser l'industrie du disque. Dans le passé, les changements technologiques (apparition de la radio, du 33 tours ou de la cassette) ont souvent remis en question l'organisation de l'industrie, provoquant l'entrée de nouveaux acteurs ou la modification des modèles d'affaires. Il nous paraît donc utile de comparer la crise actuelle de l'industrie du disque aux crises du passé. C'est ce que nous nous proposons de faire dans cet article.

       
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