Le grand silence
Sorti le 20 décembre 2006

                                 "Silence" et applaudissements !
Entre autres récompenses, "Le grand silence" à décroché en 2006 le prix spécial du Jury au Festival du Sundance ainsi que le prix du meilleur documentaire aux European Films Awards.

Aux regards de l'érudit ou du simple curieux, du croyant ou de l'indifférent, le monachisme est un fait exceptionnel d'adéquation et de distancement, de fascination et d'interpellation dont la force calme ébranle.
Son actualité éclate à la manière d'une inaltérabilité que les changements ne défigurent pas, que les rides ne touchent guère. La surface de l'océan est étale, épanouie, tandis que les profondeurs bouillonnent.
Certes, l'histoire l'a marqué, voire ébranlé, comme toute autre manière d'être et de vivre. Pourtant il donne l'impression de transcender le temps, de se situer à un niveau où les hommes de tous les temps reconnaissent la meilleure part d'eux-mêmes, leur intériorité...

 

Le monastère de la Grande Chartreuse est né sous l’égide de Saint-Bruno, dans les Alpes iséroises, en 1084. Près de mille ans plus tard, la vie monacale n’a pas changé. L’existence des hommes est dédiée à la contemplation, loin du vacarme du monde. Chacun vit, dort et mange dans sa cellule. Les sorties sont rythmées par les prières et les messes, de jour comme de nuit, et les promenades dominicales. C’est donc le silence qui domine cette destinée rudimentaire, mais extrêmement riche. Chacun remplit sa tâche, individuellement mais avec le sens de l’harmonie, et participe à la vie communautaire, au coeur des montagnes, au gré des saisons.


 

Les hommes de l'ombre

Une immersion totale. C’est ce à quoi l’Allemand Philip Gröning nous convie dans ce documentaire au cœur du monastère de la Grande Chartreuse. Il capte pendant plus de deux heures trente l’essence de vie de ces hommes retirés du monde. Des hommes voués à Dieu et à la contemplation. Plutôt que de filmer d’un œil extérieur le pittoresque de l’existence monacale, le cinéaste s’est fondu dans les murs, au cœur des hommes. Et quel résultat ! Une œuvre en complète adéquation avec l’univers qu’elle saisit. Au rythme des saisons et de la lumière du jour, des heures de prières et des tâches quotidiennes, la caméra se fait le subtil témoin d’un monde à part. Tout n’est que silence et méditation, qui s’avèrent captivants et d’une densité rare. Aucune condescendance. Aucune bondieuserie. Ce voyage au pays de la méditation s’élève vers le divin, et nous avec. Le spectateur de cinéma a rarement l’occasion de pouvoir ressentir une telle plénitude, et de planer dans un espace-temps aussi habité.

Olivier Pélisson

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