Sur le bord de la rivière Piedra
je me suis assise et j'ai pleuré

Paulo Coelho

Extraits...

Nous avons prié ensemble et j'ai de nouveau éprouvé une sensation de liberté. Des années durant, j'avais lutté contre mon coeur parce que j'avais peur de la tristesse, de la souffrance, de l'abandon. J'avais toujours su que le véritable amour était au-dessus de tout cela et qu'il valait mieux mourir que de ne pas aimer. Mais je pensais que seuls les autres avaient du courage. Et maintenant, en cet instant, je découvrais que j'en étais moi aussi capable. Même s'il signifiait séparation, solitude, tristesse, l'amour valait bien le moindre centime de son prix.

J'espérais, oui, j'espérais l'entendre proclamer que cet amour était béni par tous les anges, tous les saints, par Dieu et par la Déesse.

Il vivait dans deux mondes. Quelque part dans le temps, ces deux mondes se fondaient en un seul, et il me fallait découvrir de quelle manière. Mais les mots en l'occurrence, ne servaient à rien. L'amour se découvre dans l'acte d'aimer.

"Je pense que, si l'on cherche l'amour courageusement, il révèle sa présence; et, dès lors, on attire davantage d'amour. Si quelqu'un est bien disposé à notre égard, tout le monde l'est aussi. Mais, si l'on est seul, on le devient davantage encore. Etrange, la vie.

On lit qu'il est possible de transformer une cité, mais que l'on ne peut changer un puits de place. Ceux qui s'aiment se rencontrent, étanchent leur soif, bâtissent leur maison, élèvent leurs enfants autour du puits. Mais si l'un d'eux décide de partir, le puits ne peut pas le suivre. L'amour reste là, abandonné, mais toujours avec la même eau pure.

Attendre. C'est la première leçon que j'ai apprise sur l'amour. La journée se traîne, on fait des milliers de projets, on imagine toutes les conversations possibles, on se promet de changer de comportement - et on est là, anxieuse, anxieuse, jusqu'à l'arrivée de celui qu'on aime. A ce moment là, on ne sait plus quoi dire. Ces heures d'attente se sont transformées en tension, la tension est devenue peur, et la peur fait qu'on a honte de montrer ses sentiments.

- Que savez-vous de la vie religieuse mon enfant ?

- Bien peu de chose. Que les prêtres font voeu de pauvreté, de chasteté et d'obéissance." Et encore qu'ils jugent les péchés d'autrui, bien qu'ils commettent ces mêmes péchés. Qu'ils croient tout savoir sur le mariage et sur l'amour, mais qu'ils n'ont jamais été mariés. Qu'ils nous menacent des feux de l'enfer pour des fautes qu'ils ne se privent pas de faire eux-mêmes. Et qu'ils nous présentent Dieu comme une être vengeur, qu'ils rendent responsable de la mort de Son Fils unique."

- que savez-vous de la vie spirituelle ?

- Je ne sais pas au juste. Ce sont des gens qui abandonnent tout et partent à la recherche de Dieu.

- Et qui le trouve ?

- C'est vous qui avez la réponse. Je n'en ai aucune idée."

- Votre définition n'est pas juste. Celui qui part en quête de Dieu ne fait que perdre son temps. Il peut parcourir bien des chemins, embrasser bien des religions et des sectes - mais de cette façon-là, il ne rencontrera jamais Dieu. Dieu est ici, maintenant, à nos côtés. Nous pouvons le voir dans cette brume, sur ce sol, dans ces vêtements, ces chaussures. Ces anges veillent tandis que nous dormons et nous aident tandis que nous travaillons. Pour rencontrer Dieu, il suffit de regarder autour de nous. Mais cette rencontre n'est pas si facile. A mesure que Dieu nous fait participer à son mystère, nous nous sentons plus désorientés. Car il nous demande constamment de suivre nos rêves et notre coeur. Et cela est difficile parce que nous avons l'habitude de vivre d'une manière différente. Alors nous découvrons, avec surprise, que Dieu veut nous voir heureux, parce qu'il est père. Et mère, oui. Pour avoir une vie spirituelle, il n'est pas besoin d'entrer au séminaire, de jeûner, de faire abstinence et de faire voeu de chasteté. Il suffit d'avoir la foi et d'accepter Dieu. A partir de là, chacun devient Sa voie et le véhicule de Ses miracles."

"Parce que Dieu vient sur la terre pour nous montrer notre pouvoir. Nous faisons partie de son rêve, et Il veut que ce rêve soit heureux. Cependant, si nous reconnaissons en notre for intérieur que Dieu nous a créés pour le bonheur, nous devrons admettre que tout ce qui conduit à la tristesse et à la défaite est de notre faute. C'est la raison pour laquelle nous en venons toujours à tuer Dieu. que ce soit sur la croix dans le feu, dans l'exil, ou dans notre propre coeur."

"Jésus a dit qu'on ne doit pas jurer, et je ne vais pas le faire. Mais je vous dis en cet instant, en présence de ce qui m'est sacré, que je ne souhaite pas qu'il mène la vie religieuse conventionnelle. Je ne voudrais pas qu'il soit ordonné prêtre. Il peut servir Dieu de bien d'autres manières. A vos côtés."

- Nous faisons tous des miracles. Jésus a dit : si nous avons une foi de la valeur d'un grain de moutarde, nous dirons à la montagne "déplace-toi" et la montagne se déplacera.

Un savant qui étudiait les singes, dans une île d'Indonésie, était parvenue à enseigner à une guenon à nettoyer les patates dans l'eau d'une rivière avant de les manger. Débarrassé du sable et des saletés, le tubercule devenait plus savoureux. Ce savant qui faisait cela uniquement parce qu'il rédigeait une étude sur les capacités d'apprentissage des singes en question, ne pouvait imaginer ce qui allait arriver. Quelle ne fut pas sa surprise en voyant que d'autres singes de l'île se mirent à imiter la guenon ! Tant et si bien que, un beau jour, lorsqu'un certain nombre de singes eurent appris à laver les patates, ceux de toutes les îles de l'archipel commencèrent à en faire autant. Mais le plus étonnant est que tous ces autres animaux avaient appris sans jamais avoir eu aucun contact avec l'île où l'expérience était menée.

- Il existe sur ce sujet diverses études scientifiques. L'explication la plus communément admise est que, lorsqu'un nombre déterminé d'individus évoluent, c'est l'espèce toute entière qui finit par évoluer. On ignore combien d'individus il faut, mais on sait que les choses se passe ainsi."

- C'est comme l'histoire de l'Immaculée Conception, elle est apparue à la fois aux sages du Vatican et à la petite paysanne ignorante."

- Le monde a une âme, et il arrive un moment où cette âme agit sur tout et sur tous en même temps."

- Il se trouve que le dogme de l'Immaculée Conception n'a pas été seulement une affaire du Vatican. Huit millions de personnes avaient signé une pétition adressée au pape. Les signatures provenaient de tous les coins du monde. La chose était dans l'air."

/...