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FЯÉDÉЯIC BEIGBEDEЯ

AU SECOUЯS PAЯDON

mai 2007

 

Extraits...

 

ÉTÉ
(LETO)

suite...

 

Je me sentais vivant en lui envoyant des textos très premier degrè. Regardez, pope ultime, je les ai tous archivés dans mon portable.
« Tu m'as oublié ou tu dors ou tu es morte ou tu me largues ou tu m'aimes ?»
« je t'aime en boucle.»
« Le temps passe trop lentement sans toi. Demain est dans un an.»
« Je te cherche depuis 40 ans.»
« Je remercie le Seigneur de t'avoir donné la vie, ta mère de t'avoir élevée    et le père Ierokhpromandrit de nous avoir présentés.»
« Quand je ferme les yeux, je vois les tiens.»
« Je ne devrais pas t'écrire tout cela. Tout homme sincèrement amoureux    est un loser.»
« Notre existence ensemble va être énorme.»
« Tes yeux couleur curaçao sont ma dictature. Je t'aime jusqu'à l'asphyxie.»
« Je suis à la fois ton double et ta moitié.»
« Je n'arrête pas de sourire béatement en pensant à ton existence.»
« Sans toi je suis handicapé, tétraplégique, mongolien, comateux,    paranoïaque, névrosé et maniaco-dépressif. Ferme les yeux, j'appose mes    mains sur ton visage et je chuchote dans tes oreilles que je t'aimerai    toujours. Entends-tu mes larmes couler dans tes oreilles ? »
« J'ai plein de boulot ce soir mais j'aimerais bien vérifier ton épilation    maillot.»
« Je suis dans un bus au lieu d'être dans ta bouche.»
« Tu es l'air qui emplit mes poumons et rajeunit mon âme dévastée.»
« Je m'ennuie tellement sans toi... parce que je m'ennuie de toi.»
« Je déteste beaucoup de choses mais j'en aime quelques-unes et tu es l'une    d'entre elles.»
Rien que de les relire me fait pleurer car dans un moment d'énervement j'ai effacé toutes ses réponses.

[...] j'ai bafoué Lena, je l'ai piétinée, et j'ai compris à l'instant où je la perdais qu'elle était ma dernière chance. Lena est mon châtiment; j'en suis tombé amoureux comme on écoute une sentance. L'amour commence toujours par la peur. J'ai tout de suite voulu m'en débarrasser. Je ne le savais pas encore, mais entraîner lena à la party chez Sergueï le dacryphile était un test pour connaître mon degré de maladie. Je voulais savoir si je tenais à elle, et j'ai été servi : au moment où je l'ai dégoutée, trahie, livrée en pâture, j'ai su que je lui appartenais mais c'était trop tard, elle m'en voulait déjà à mort. Laissez-moi terminer, père Ierokhpromandrit ! Je n'avais pas tout de suite compris que j'en étais fou, ou plutôt j'ai voulu résister; je pensais qu'elle était comme les autres, que je pourrais la remplacer, l'oublier vite, ou que j'aimerais qu'elle m'échappe, que la voir baiser avec des sadiques m'exciterait comme René dans Histoire d'O (vous savez, ce remake des Évangile où Jésus est remplacé par une femme masochiste). Mais c'est moi qui ai commencé à avoir mal, très mal, épouvantablement mal. La jalousie n'est pas un aphrodisiaque; les échangistes ne sont pas vraiment amoureux sinon les partouzes finiraient toutes en bains de sang. Si je vous confesse mes turpitudes, c'est pour la retrouver. Vous imaginez bien que je lui ai beaucoup parlé de vous, et je sais qu'elle se cache par ici depuis la nuit à la datcha. Si vous ne le faites pas pour moi, faites-le pour elle, pour sa famille, pour son avenir ! Professionnellement elle est en train de tout louper. Mon répondeur déborde de propositions ! Elle ne va tout de même pas sacrifier sa carrière pour défendre son honneur d'adolescente ? L'Idéal veut la booker pour douze campagnes à Paris, l'agence Aristo s'est engagée pour trois tournages, en août, tout le petit milieu de la mode est collé au plafond par son aura, son allure, son look préraphaélite, et cette peste se planque sûrement à Moscou là où j'ai perdu sa trace.

[...] Comment ça "foutez-moi le camp" ? Je viens chez vous faire acte de pénitence et c'est ainsi que vous me récompensez ?

[...] da, je sors. Aie ! Vous me faites mal au bras, mon père ! Lâchez-moi, moujtchina, je connais le chemin vers la sortie.

[...]
Tant pis si je marmonne la phrase la plus importante de cette confession.
Tant pis si vous ne l'entendrez jamais :

J'ai aimé et j'ai été aimé, mais jamais les deux en même temps.

 

 

AUTOMNE
(OSEN)

" Ma charmante, mon inoubliable !
Tant que les creux de mes bras se souviendront de toi, tant que tu seras encore sur mon épaule et sur mes lèvres, je serai avec toi. Je mettrai toutes mes larmes dans quelque chose qui soit digne de toi et qui reste. J'inscrirai ton souvenir dans des images tendres, tendres, tristes à vous fendre le coeur. Je resterai ici jusqu'à ce que ce soit fait. Et ensuite je partirai moi aussi.

Boris Pasternak,
le Docteur Jivago, 1957

 

J'ai un cheveu blanc qui s'agite comme un drapeau de la même couleur : pour prévenir la mort que je me rends. Merci de m'accueillir à nouveau dans ta demeure de marbre, père Ierokhpromandrit. Je suis coké jusqu'aux yeux. Retombé le nez dedans depuis trois semaines, ha ha ha ! La pluie de l'automne me ronge les sangs. Je ne comprends rien à ton ciel banc : tantôt il nous gèle, tantôt nous étouffe. Et moi qui comptait prendre ma retraite en Russie ! Tes ouailles ont besoin de toi, je n'abuserai pas de ton temps sacré avec mes fariboles poudreuses. je voulais te demander d'excuser mes récits scabreux de la dernière fois, et surtout te remercier de ne pas en avoir fait état auprès des autorités. Je comprends parfaitement ta réaction ulcérée. Le secret de la confession ne justifie pas qu'on doive subir des descriptions détraquées à longueur de journée. Le botox paralyse les muscles, il m'en faudrait une injection dans le cerveau. Pardonnez-moi 77 fois 7 fois, soit 539 fois ! Je sais parfaitement que tu n'avais pas envie de m'entendre à nouveau, surtout après que j'ai trahie ta confiance en débauchant la Très Gracieuse Lena Doytcheva. Je suis désolé d'avoir été contraint de placer des charges de dynamite tout autour de ton sublime édifice, de plastiquer l'ensemble de ces majestueux piliers et de m'entourer le ventre d'explosif. Évidemment, il serait regrettable que j'appuie sur ce détonateur, mais après tout Staline a déjà détruit cette cathédrale en 1931, et Khrouchtchev en avait même fait une piscine chauffée à ciel ouvert !
[...] Il serait dommage qu'il ne subsiste de ton église que le parking souterrain, où ma voiture est garée en ce moment même. J'y tiens beaucoup : une Cayenne flambant neuve avec sièges en cuir et trois lecteurs de DVD, offerte par mon Nouveau Russe préféré. De grâce, évite-moi de la broyer sous un tas de gravas, même sacrés.
Comme tu le sais, mon théologien, chaque fois que je suis en bad, j'aime rendre visite à Jésus-Christ. Cet homme est mon antidote.

[...] Reste assis, Ô patriarche. Il faut que tu m'écoute jusqu'au bout...

[...] Je t'assure que tout le monde va s'en sortir si les médias relaient mon appel et que la Tchétchène blonde qui a remporté le Petersburg Aristo Style Contest montre le bout de son nez retroussé. Au moment où je te parle, Lena prend une douche quelque part dans le monde, le savon coule sur son torse, c'est inadmissible. Je suis ici pour appeler au secours et demander pardon.

Attends que je reprenne une ligne, Paris-Vladivostok avec escale à Novossibirsk... Chéri, j'ai rétréci la coke, ouaaah ! la pire connerie à faire avec ce truc, c'est d'arrêter ! T'es sûr que t'en veux pas ? Ô Sainte Narine Immaculée !

[...] Tais-toi s'il te plaît, dévot chartofylax, tu vois mon pouce ? Il suffit que j'abaisse cette manette et la poussière redeviendra poussière. Dastali ! Je te demande juste d'écouter mon récit et ensuite nous appelerons Lena ensemble par médias interposés. Quand elle verra son nom à côté du mien à la une des quotidiens et des journaux télévisés, elle reviendra... et si elle ne revient pas, nous mourrons ensemble, qu'elle importance ? Rien à perdre. J'ai le nez qui coule, je renifle des larmes de drogue. Tu m'as tué à Petersbourg... Petersbourg, Ô Petersbourg !

[...] Comment mon startchestvo ? Certes, je te crois volontiers. Lorsque l'existence de Dieu te fut révélée, tu as compris que l'extase n'avait pas besoin d'être charnelle. Depuis qu'un matin tu as ressenti avec force que tu étais aimé de Lui, tu crois en d'autres formes d'orgasmes. Amen. Moi, je crois en Elle. Lena doytcheva assise sur un banc, le menton levé vers la mer Baltique, sous la blancheur de la lumière zénithale. Si je ferme les yeux, je sens son parfum, et je pourrais m'évanouir.

[...] Comment ça elle ne viendra pas ? Que dis-tu... la rue Daru ? on s'en fou de la rue Daru, je te parle d'amour, et de la femme de ma vie ! Je croyais que nous avions passé un accord : tu me rends Lena et je te rends ta cathédrale ! Quel rapport y a-t-il entre Lena Doytcheva et la rue Daru où je t'ai connu dans les années quatre-vingt-dix ? Comment ? la serveuse de l'épicerie russe ? Oui, et bien quoi, elle était mignonne cette olga, Olienka, je ne sais plus qui, OK j'ai un peu couché avec elle à l'époque, et alors ?
Hein ? Elle s'appelait Olga comment ? NON ......

[...] Mais comment as-tu pu me faire une chose pareille ?

 

[...] OH MON DIEU JE PLEURE. C'EST TROP IGNOBLE ARRÊTE DE RIRE, TU ES LE DIA

 

 

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