« La liturgie est le lieu et le temps privilégié de la célébration de l'Alliance entre Dieu et son peuple¹. » Les derniers mots de l'article du mois dernier mettaient en rapport liturgie et célébration. Aujourd'hui, notre regard va se porter sur le deuxième terme pour mieux saisir la portée de ce mot auquel le vocabulaire courant prête plusieurs sens qui s'enrichissent mutuellement et peuvent renouveler la compréhension de la célébration chrétienne.
Célébration
D'emblée, le mot appelle l'idée d'événement. On célèbre un mariage, une fête nationale, des funérailles, un anniversaire. L'événement revêt un caractère à la fois solennel, public et festif et rassemble un certain nombre de personnes.
L'idée de nombre est contenue dans le terme latin celeber, qui signifie « en grand nombre ». Est célèbre ce qui est connu d'un grand nombre de personnes, que ce soit un lieu, une personne ou un événement ponctuel. De la même manière, celebrare à d'abord voulu dire « être nombreux en un lieu » puis, par glissement, « assister en foule à une fête ». Célébrer, c'est donc marquer ou rappeler solennellement un événement par un rassemblement festif plus ou moins emprunt de ritualité.
Ainsi, la célébration de la « réunion nombreuse » latine est devenue « fête solennelle » par le jeu des dérivations lexicales. Mais l'idée de nombre demeure.
Célébration liturgique
Ce qui caractérise la célébration liturgique, c'est qu'elle est le rassemblement du peuple de Dieu, convoqué par lui pour entrer en communion avec lui. Et l'objet de la célébration c'est l'actualisation du mystère pascal. La plénitude de la vie de Dieu est donnée dans la célébration et l'ensemble du peuple est concerné par le don que Dieu fait de sa vie. Cet acte total engage l'Église tout entière. Le Christ a livré sa vie pour que tout homme soit sauvé et rentre en grâce avec le Père.
La célébration liturgique dépasse le cadre de l'assemblée présente, elle est l'Église, non pas fermée sur elle-même, mais ouverte aux dimensions du Corps du Christ dans le temps et l'espace, et « avec toute l'armée de la milice céleste, nous chantons au Seigneur l'hymne de gloire... jusqu'à ce que lui-même se manifeste, lui qui est notre vie² » .
Célébration du Seigneur
« Nous chantons l'hymne de gloire. » En disant cela, nous entrons dans le troisième sens du mot célébration : la célébration de quelqu'un. Célébrer, c'est vanter, louer, faire connaître, c'est rendre célèbre en publiant avec éclat. La célébration liturgique, parce qu'elle est rassemblement de l'Église qui reçoit le salut de Dieu, ne cesse d'être célébration du nom de Dieu, proclamation de le bonté du Père. Elle publie devant tous les hommes que Dieu est sauveur. Si la liturgie célébrée ne constitue pas toute l'activité de l'Église, le fait de célébrer le salut de Dieu est une forme de témoignage qui se fait annonce de la foi.
La célébration liturgique est véritablement une fête solennelle en mémoire de l'événement pascal, qui proclame la gloire de Dieu et le salut du monde.
■ Bernadette Mélois
¹ - Magnificat n°181, cédembre 2007, page 22..
² - Sacrosanctum concilium, n°8, constitution conciliaire sur la liturgie, Vatican II, 1963..
