Alliance
Au mois de décembre dernier, en finissant l'article sur le mot « liturgie », nous notions que la liturgie est le lieu et le temps privilégié de la célébration de l'alliance entre Dieu et son peuple. « Alliance » n'est pas en soi un mot de la liturgie, mais c'est un mot qui la définit.
Une alliance qui lie
Pour la plupart de nos contemporains, l'alliance est l'anneau que l'on remet à celle ou celui que l'on prend comme épouse ou comme époux. Mais l'anneau qui dit l'engagement conjugal n'est que le signe d'une réalité plus vaste qui repose sur l'amour donné et reçu dans la réciprocité.
L'alliance biblique
L'alliance est un terme familier dans la Bible. d'une certaine manière, il résume les rapports de Dieu avec les hommes depuis les origines. « Tu as multiplié les alliances avec eux », dit la quatrième prière eucharistique. Dieu, qui est amour, ne se lasse pas de faire alliance avec les hommes. L'alliance avec Noé rappelle aux hommes qu'ils sont aimés de Dieu et que le monde dans lequel ils vivent ne leur est pas hostile. L'alliance avec Abraham se voit assortie d'une promesse : Je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel (Gn 22, 17), dont la réalisation première s'accomplit dans le désert du Sinaï lorsque, dans une liturgie solenelle, Israël nait comme peuple de Dieu. Ayant versé le sang du sacrifice sur l'autel, qui représente Dieu, et sur le peuple, Moïse dit : Voici le sang de l'Alliance que, sur la base de toutes ces paroles, le Seigneur a conclue avec vous (Ex 24, 8).
Devenu l'allié de Dieu, le peuple n'a pas tardé à trahir l'Alliance, sans cesse renouvelée, dans des célébrations d'abord exceptionnelles (2 R 23; Ne 8) puis annuelles, voire hebdomadaires ou quotidiennes. Mais, de plus en plus, pour Israël, le mémorial liturgique de l'alliance se tourne vers l'avenir, vers une alliance nouvelle telle que la promettent les prophètes.
L'alliance en Jésus
En offrant son alliance aux hommes, Dieu voulait les rendre participants à sa vie divine. Jésus, homme et Dieu en une seule personne, est à lui seul l'Alliance. Toutes les liturgies du Temple, qui cherchaient à concilier Dieu et les hommes, sont reprises dans l'unique oblation du Christ. Il accomplit le sacrifice parfait en versant son sang sur la croix, « le sang de l'Alliance nouvelle et éternelle », et inaugure la liturgie du nouveau peuple de Dieu qu'est l'Église. Depuis la Cène, les disciples ont reçu mission de perpétuer le sacrement de ce sacrifice, mémorial de l'Alliance nouvelle, dans la célébration de l'eucharistie.
Ainsi chaque célébration eucharistique fait entrer toujours plus profondément les membres de l'Église dans l'Alliance nouvelle, jusqu'à ce que vienne le jour du Christ où Dieu sera tout en tous.
■ Bernadette Mélois
