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■   Les mots de la liturgie   ■

Décembre 2007

 

Les mots s'habillent volontiers de sens qui, comme les couleurs , sont diversement connotés. Le mot n'enferme pas complètement la chose qu'il nomme; ily aura toujours une distance entre la chose elle-même et l'énoncé, qu'il faut toujours qualifier pour le rendre le plus proche de la réalité qu'il tente de décrire. Ainsi en est-il des mots qu'emploie la liturgie. Chacun designe bien une chose précise, et, pourtant, une certaine pluralité de sens permet une mise en résonance et fait pénétrer dans l'épaisseur d'un contenu qui nourrit la foi.
Nous proposons donc, au cours de cette année, d'approcher certains mots de la liturgie, de voir ce qu'ils disent au premier abord, d'entrouvrir des chemins moins immédiats, de se laisser entraîner sur des sentiers qui engagent la foi de manière nouvelle.


Liturgie

C'est bien le premier mot qui s'impose. Pour en saisir un peu mieux le sens, il faut s'arrêter sur son histoire. « Liturgie » est un composé de deux mots grecs : un adjectif, leitos, "public", lui-même dérivé de laos, qui veut dire "peupe", et un nom commun, ergon, qui signifie "service", "travail" ou "oeuvre". La liturgie est donc un service public, une action faite en faveur du peuple. Dans la grèce ancienne, leitourgia désigne plus particulièrement les fonctions publiques qui servent le bien commun des citoyens. C'est dans ce premier sens que saint Paul parle de liturge et de liturgie. Il nomme Épaphrodite leitourgon, c'est-à-dire celui qui est venu pour rendre les services (Ph 2, 25), et c'est le mot de leitourgesai qu'il utilise pour dire "aide matérielle" (Rm 15, 27).
Cependant, la traduction grecque de la septante utilise le mot leeitourgia pour traduire le mot hébreu qui signifie "service culturel". Dans ce sens là, le peuple n'est plus le bénéficiaire d'une oeuvre accomplie en sa faveur, mais il est celui qui accomplit une action en faveur de Dieu.


Oeuvre pour le peuple ou oeuvre du peuple ?

La richesse du sens tient dans la tension entre ces deux significations qui s'appellent et se complètent sans qu'aucune ne soit rejetable. Laliturgie est à la fois l'oeuvre que le peuple fait pour Dieu et l'oeuvre accomplie par Dieu en faveur du peuple. Il faut retenir que la liturgie est indissociablement l'actuallisation du salut opéré par Dieu et le culte que le peuple lui rend.
C'est à l'intérieur de ce mouvement que peut se comprendre la définition de la liturgie donnée par le concile de Vatican II : « La liturgie est considérée [à juste titre] comme l'exercice de la fonction sacerdotale de Jésus-Christ, exercice dans lequel la sanctification de l'homme est signifiée par des signes sensibles [sacrements] et est réalisé d'une manière propre à chacun d'eux, dans lequel le culte public intégral est exercé par le Corps mystique de Jésus-Christ¹

Toute l'existence chrétienne a une portée liturgique, comme le souligne saint Paul², mais la liturgie est le lieu et le temps privilégié de la célébration de l'alliance entre Dieu et son peuple.


■ Bernadette Mélois

 

¹ - Sacrosanctum concilium, n° 7, constitution conciliaire sur la liturgie, Vatican II, 1963.
² - Je vous exhorte [...] à vous offrir vous-mêmes en sacrifice vivant, [..] c'est là le culte spirituel que vous avez à     rendre.

 

 

              

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