L'eau revêt une importance croissante dans notre monde, qui redécouvre la valeur de la nature et la solidarité qui unit son devenir et celui de l'homme. L'eau n'est pas un élément neutre dans la vie quotidienne puisqu'elle est associé à la vie et, en contrepoint, à la mort.
Au fil de l'écriture
La pensée biblique situe l'homme en harmonie avec la nature, où l'eau joue un rôle prépondérant. Elle prend au fil des textes une grande force symbolique.
Si les masses d'eau comme la mer sont le signe de la mort et figurent l'inquiétant royaume des ténèbres, l'eau vive, au contraire, est porteuse de vie, comme le montre le fleuve qui déborde du Temple, dont Ezékiel (47, 1-12) dit qu'il va assainir et régénérer la mer Morte.
L'eau est aussi liée au don de l'Esprit Saint. Les prohètes annonçaient sa venue pour les temps messianiques et Jésus lui-même en parle comme de fleuves d'eau vive jaillis de son sein (Jn 7, 38).
Danss la liturgie, l'eau est l'élément particulier qui dit la nouveauté et le renouvellement.
Entrée dans la vie
L'eau véhicule ce double aspect de vie et de mort, sens que l'on retrouve dans la première des liturgies de l'eau, le baptême. Le baptême est une "plongée", c'est le sens premier du terme, et il est une plongée dans la mort et la résurrection de Jésus. Il faut passer par les eaux de la mort, comme les Hébreux dans la mer Rouge, pour entrer dans le monde nouveau, celui où l'eau devient grâce et vie, don qui vient de l'amour gratuit du Père.
Le geste du baptême, surtout lorsqu'il est accompli par immersion, nous fait sentir dans notre corps ce passage dont la bénédiction de l'eau dans la nuit pascale éclaire le sens : «Par la grâce de ton Fils, que la puissance de l'Esprit Saint vienne sur cette eau, afin que tout homme qui sera baptisé, enseveli dans la mort avec le Christ, ressuscite avec lui pour la vie.»
Sur le chemin
Le passage par l'eau baptismale nous fait naître à la vie nouvelle, mais le germe de cette vie a besoin de croître jusqu'à la plénitude. C'est pourquoi l'Église a l'habitude de faire le geste de l'aspersion comme rappel de notre baptême. Ce geste, mis en valeur la nuit de Pâques, est repris au moment de la préparation pénitentielle à la messe. On l'utilise davantage en temps pascal, mais c'est une possibilité offerte pour n'importe quel dimanche. Avant de procéder à l'aspersion de l'assemblée, le prêtre demande : «Que Dieu nous garde fidèle à l'Esprit que nous avons reçu.» Le geste le plus communs à tous les baptisés consiste, en entrant dans l'église, à se signer avec l'eau. Plonger sa mains dans l'eau et se marquer du signe de la croix, c'est une geste très simple qui donne à chacun de réaffirmer son appartenance au Christ.
Entrée dans la vie éternelle
Au terme de la vie, la liturgie des funérailles propose le geste de l'aspersion sur le corps du défunt. Cette eau rappelle que, dans la plongée baptismale, il a reçu la vie nouvelle dont il goûte désormais l'abondance. Ce geste permet à ceux qui le posent de redire leur foi en la résurrection.
Être plongés dans l'eau, se signer avec l'eau, être aspergés d'eau, ce sont autant de gestes qui, tout au long de notre vie chrétienene, nous font puiser les eaux aux sources du salut (Is 12,3).
■ Bernadette Mélois


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