« Battre sa coulpe » est une formule un peu désuète pour dire que l'on a commis quelque faute, souvent de peu d'importance. Si l'expression demeure, c'est qu'elle a été fréquemment utilisée à une époque où les gestes revêtaient une grande importance dans la vie civile autant que religieuse. Reconnaître publiquement que l'on avait commis une faute grave n'était pas anodin et s'accompagnait des gestes comme « Battre sa coulpe », c'est-à-dire se frapper la poitrine avec le poing fermé en signe d'amendement. C'est, d'une certaine manière, retourner contre soi le mal que l'on a fait à autrui.
la liturgie a conservé ce geste qui doit être fait et compris de manière symbolique.
«Je confesse à Dieu»
Lors de la préparation péntentielle, au début de la célébration liturgique, on peut choisir, parmi les quatre formes proposées, le Je confesse à Dieu. C'est au moment où nous disons : « Oui j'ai vraiment péché » que, selon l'indication du Missel romain, « on se frappe la poitrine ». Cette manière de faire est directetement héritée de l'antique reconnaissance publique des péchés. Mais, au-delà de la confession d'actes peccamineux, c'est notre condition de pécheur qui est mise en avant. Toute la préparation pénitientielle a pot but de nous faire confesser la miséricorde de Dieu dont l'amour est plus grand que tout péché. Si donc nous nous reconaissons pécheurs, ce n'est pas en vertu de tel ou tel acte, que d'ailleurs nous taisons devant l'assemblée, mais c'est en raison même de la distance infinie qui nous sépare de la sainteté de Dieu. Nous nous frappons la poitrine, mais nous le faisons en regardant la croix, moyen et source de notre salut. Nous nous abaissons pour être relevés.
« Seigneur, je ne suis pas digne »
C'est le même dessein qui guide la coutume de se frapper la poitrine en prononçant la parole du centurion : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir » (cf. Mt 8, 8). Aucune rubrique n'indique de faire ce geste, mais l'attitude intérieure recommandée : « en même temps que les fidèles, il [le prêtre] fait un acte d'humilité » renvoie à ce qui vient d'être dit. Devant la grandeur du mystère eucharistique auquel nous sommes invités à communier, nous reconnaissons que seule la parole de Dieu peut nous rendre dignes d'un tel don.
Dans la prière eucharistique
Le célébrant principal, lorsqu'il utilise la première prière eucharistique, appelée le canon romain, est amené à se frapper la poitrine. Il emploi une formule qui s'articule bien avec l'attitude spirituelle décrite jusqu'à maintenant. Parlant au nom de toute l'asemblée avec laquelle il prie, il dit : « Et nous, pécheurs, qui mettons notre espérance en ta miséricorde inépuisable... » il s'agit certe de reconnaître notre état de pécheurs, mais de pécheurs qui attendent tout de la bonté du Père qui a envoyé son Fils pour sauver les hommes.
Se frapper la poitrine est un acte d'humilité qui invite à réformer sa vie, mais ssusrtout à se tenir devant Dieu dans l'action de grâce en reconnaissant comme Marie qu'il s'est penché sur son humble servante (Lc 1, 48).
■ Bernadette Mélois


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