Lorsque le prophète demandait au peuple d'Israël de marcher humblement avec [son] Dieu (Mi, 6, 8), il voulait lui rappeler la nécessité d'une vie droite. Mais l'expression "marcher" résonne fortement aux oreilles du croyant. Elle est riche de la marche d'Abraham, de l'expérience de la traversée du désert, du retour de l'Exil. Elle est chargée d'un certitude : il y a un point de départ et un point d'arrivée. Un chemin ouvert et surtout la présence de Dieu qui accompagne la route.
Aller en avant
Les processions liturgiques s'enracinent dans ce mouvement. Il s'agit de marches, à la fois rituelles et communautaires, qui mettent en mouvement le corps en vue d'un déplacement intérieur. La procession oblige à aller en avant. Il faut quitter le lieu où l'on est pour se rendre ailleurs. La liturgie garde vive la mémoire de la vocation des croyants à être des pélerins, et elle les invite régulièrement à reprendre leur marche vers la "cité permanente". La procession permet aux croyants rassemblés de former un corps en mouvement, qui, prenant possession de l'espace et du temps, s'insère dans la pérégrination de l'humanité en quête de Dieu.
Les grandes processions liturgique
C'est à Jérusalem que les processions ont commencé à prendre une véritable importance, lorsque les chrétiens ont cherché à revivre les grandes entrées de Jésus dans la ville, d'une part, son humble entrée au Temple le jour de la présentation, et d'autre part, son entrée triomphale avant sa Passion. Ces processions ont pour but de faire entrer dans le mystère de l'Évangile en revivant symboliquement ces scènes. Au cours des siècles, la liturgie s'est enrichie d'autres processions qui mettent en mouvement l'assemblée chrétienne : celle du cierge au début de la vigile pascale,; celle qui mène au reposoir le soir du Jeudi saint; celle de la vénération de la croix le Vendredi saint.
Les processions de la liturgie eucharistique
Dans la célébration eucharistique, si les processions ne mettent pas physiquement toute l'assemblée en mouvement, elles ont cependant la fonction de l'inviter au déplacement.
Dans la procession d'entrée, le célébrant principal passe de la sacristie au lieu de la présidence en traversant l'assemblée, mais dans ce mouvement, il prend l'assemblée dans son sillage pour la conduire vers le mystère qu'elle va célébrer.
La procession des oblats, qui part de l'assemblée, procède d'un même mouvement. quelques-uns se déplacent mais c'est toute l'assemblée qui est représentée par les dons apportés pour l'offrande.
La procession de communion permet le déplacement de presque tous, mais elle permet surtout d'entrer dans cette communion intime avec le Christ qui est le gage de notre communion dans la vie future.
Autres processions
Les pélerinages de toutes sortes sont des processions. Qu'ils soient solitaires, et alors le pélerin rejoint le peuple en marche à travers les siècles, ou qu'ils soient communautaires, les pélérinages replacent chacun devant sa condition de créature en marche vers son Créateur.
Les processions sont des temps forts de la vie de l'Église, elles rappellent que la foi s'inscrit dans le corps.
■ Bernadette Mélois


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