Il est un geste simple auquel nous n'accordons pas une valeur exceptionnelle, tant il nous semble naturel et indispensable. Ce geste consiste à passer par la porte pour entrer dans l'église et pour en sortir.
Entrer dans l'Eglise
Au-delà de l'évidente nécessité de franchir une porte pour entrer quelque part, ce geste invite à une réflexion plus profonde. Nous constatons qu'il y a plusieurs façons d'entrer dans l'église, soit individuellement pour rejoindre la célébration, sois en procession, lorsque l'entrée est solennelle et liturgique comme le jour des Rameaux ou dans la nuit pacale. Qu'il soit fortement ritualisé ou non, le fait de franchir la porte signifie qu'il y a un extérieur et un intérieur. Nous quittons résolument quelque chose pour entrer dans autre chose. La liturgie, célébrée avec tout le peuple de Dieu, nous fait entrer dans un temps radicalement nouveau, parce que la célébration du mystère pascal nous agrège au temps et au monde de Dieu. L'auteur de la lettre aux Éphésiens n'hésite pas à affirmer : Vous êtes citoyens du peuple saint, membres de la famille de Dieu (Ep 2, 19), indiquant que le baptème a fait de nous des créatures nouvelles appartenant au royaume nouveau dont l'église bâtiment est la figure.
Entrer dans l'église est un passage qui nous rappelle le passage initial que nous avons vécu dans le baptême. Nous avons été plongés dans la mort et la résurrection du Christ pour renaître avec lui. En effectuant ce passage primordial , cette Pâque, nous sommes entrés dans le peuple de Dieu, dont la vocation est de chanter à la louange de sa gloire.
Les grandes entrées liturgiques des Rameaux et de la vigile pascale encadrent la Semaine sainte et nous font entrer plus profondément dans le mystère pascal. L'un et l'autre passage par la porte se fait en communauté. C'est le Corps du Christ, que nous formons, qui entre par la porte. Le dimanche des Rameaux, la parole de Jésus : Celui qui ne prend pas sa croix [...] n'est pas digne de moi (Mt 10, 38) requiert notre adhésion de foi et, passer par la porte, c'est dire oui à cet appel. La nuit de Pâques, franchir la porte en levant les yeux vers la lumière qui brille dans la nuit, c'est accepter les conditions de l'entrée dans le Royaume.
Sortir de l'église
La liturgie ne solennise pas la sortie de l'assemblé. Après la bénédiction, l'assemblée est envoyée «Allez dans la paix du christ.» La porte est grande ouverte sur le monde où chacun, joyeusement régénéré par la célébration, est envoyé annoncer la bonne nouvelle qui le fait vivre. Sortir, c'est, pour chacun, accepter d'être envoyé en mission là où la vie l'a placé.
Entrer et sortir sont deux réalités spaciales qui nous disent une réalité spirituelle. Le Christ est sorti d'auprès du Père pour nous faire entrer dans la communion avec le Père. En entrant dans l'église nous recevons l'appel à sortir comme le Christ pour annoncer le salut. La liturgie nous apprend à entrer et à sortir en disciples du Christ.
■ Bernadette Mélois