En dehors de la liturgie, l'Église a toujours été attentive aux formes de la pièté chrétienne, aussi a-t-elle admis et encouragé la vénération des saints à travers leurs relliques ou leurs images. La vénération est un acte de profond respect.
Dans l'histoire
Dès la primitive Église, on constate que les chretiens ont entouré de vénération les restes des martyrs. Ce fut d'abord sous la forme d'un culte des défunts. Les fidèles se rassemblaient autour de la tombe des martyrs au jour anniversaire de leur passage vers la vie nouvelle. Conjointement à ces célébrations, premières manifestations du culte des saints, les objets ayant appartenu aux martyrs perpétuaient leur souvenir et devenaient parfois objets de vénération.
Passée l'époque des martyrs, le culte rendu aus saints vit s'élargir le champ de la vénération et multiplia le nombre de reliques. Leur vénération est souvent l'occasion de pélerinages. Que ce soit le grand pélerinage vers les reliques de saint Jacques à Compostelle ou les pélerinages vers de plus modestes saints locaux, il s'agit de s'approcher de ceux qui « chantent à Dieu dans le ciel une louange parfaite et intercèdent pour nous¹ ».
Vénérer les saints à traver leurs reliques
La pièté populaire a donné cours à un large éventail de pratiques. La vénération se déploie dans bien des directions : effleurer le reliquaire de la main ou y poser un baiser, parcourir une certaine distance ou faire le tour du reliquaire à genoux, passer sous le reliquaire, déposer des cierges ou des fleurs, porter le reliquaire en procession, etc. Toutes ces formes demandent à être accomplies avec dignité et dans un climat de foi authentique, où les saints s'offrent comme des témoins du Christ qui, « avec le Père et l'Esprit Saint, est célébré comme le seul saint² ».
Plus encore que les reliques des saints, la piété populaire s'est attachée à vénérer les reliques de la Passion du Seigneur, telle que la couronne d'épines ou les clous. Mais la relique par excellence consiste dans le bois de la croix.
La vénération de la croix
Si la vénération des reliques des saints relève davantage de formes plus libres de la pièté populaire, la vénération de la croix, entrée dans la liturgie, est devenue un rite universellement pratiqué le jour du Vendredi saint.
C'est au lendemain de la fête de la Dédicace de la basilique de la Résurrection qu'au IVe siècle, à Jérusalem, on offrait la croix à la vénération des fidèles qui venaient un à un, y poser un baiser. C'est ce même geste qu'aujourd'hui encore les fidèles font, non plus pour la fête de la Croix glorieuse, mais au coeur de la célébration du Vendredi saint tandis que l'on chante l'antienne : « Ta croix Seigneur, nous la vénérons, et ta sainte résurrection, nous la chantons : c'est par le bois de la croix que la joie est venue au monde. »
Dans la liturgie, d'autres éléments reçoivent des marques de vénération (ce que nous aborderons dans un prochain article), mais la croix seule reçoit la vénération ritualisée de tous les fidèles.
■ Bernadette Mélois
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¹ - Sacrosanctum concilium, n° 104 Vatican II, 1963 constitution conciliaire sur la liturgie.
² - Divinus perfectionis Magister, Jean-Paul II, 25 janvier 1983, constitution apostolique, « Maître et modèle divin de toute perction ».


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