■ Les gestes de la prière ■
S'incliner
Dans la vie courante, il est devenu rare de s'incliner ostensiblement devant quelqu'un. En certaines circonstances, cependant, le protocole recommande encore de s'incliner. Loin d'être la marque d'une allégeance ou d'une soumission, l'inclination du haut du corps manifeste un accueil courtois.
La liturgie a conservé cette attitude de l'inclination plus ou moins profonde. À chaque fois qu'il y a inclination, un geste de dépendance filiale à l'égard de Dieu est posé. Il est le Très-Haut, il est le Sauveur. Il est celui devant qui le croyant se tient humblement, créature devant son créateur.
S'incliner devant quelqu'un
Au cours de la célébration eucharistique, le diacre s'incline devant le célébrant principal pour recevoir sa bénédiction avant d'aller proclamer l'Évangile. Ce n'est pas en raison d'une supériorité du prêtre, mais c'est parce que le célébrant principal, au cours de la liturgie, est signe de la présence du Christ, c'est donc devant le Christ lui-même que le diacre s'incline véritablement.
Au moment du geste de paix, les fidèles sont invités à échanger un signe qui peut s'accompagner d'une brève inclination. Elle est alors reconnaissance de la présence du Christ dans ce frère qui ayant reçu la paix qui vient de ce même Christ, la transmet. Dans sa simplicité, cette inclination dit la soumission fraternelle à laquelle sont conviés les disciples du Christ.
S'incliner devant les objets
Dans la liturgie de la parole, les fidèles qui font les lectures, tout comme le diacre, s'inclinent devant le livre qui contient les écritures. Ce geset s'adresse non pas au livre en tant que tel, mais au Christ qui se rend présent par sa parole. C'est devant la parole faite chair que l'on s'incline.
À divers moments, les ministres s'inclinent devant l'autel parce qu'il est le lieu où se réalise l'offrande du Christ. L'autel, par sa simple présence, rappelle que le Christ est mort pour nous, qu'il a été mis au tombeau, d'où il est sorti vainqueur de la mort; aussi, s'incliner devant l'autel, c'est reconnaître, d'une part, que nous sommes sauvés et, d'autre part, que le Christ se rend présent de manière éminente dans le sacrement de l'eucharistie.
S'incliner, un acte de foi
Lorsque le pain et le vin sont élévés au cours de la prière eucharistique, les fidèles s'inclinent pour dire leur foi, seulement après avoir pris le temps de contempler le corps et le sang du Christ offert à leur adoration.
Lors de la profession de foi, il est recommandé de s'incliner au moment où l'on dit : «Il s'est fait homme.» C'est devant le mystère de l'Incarnation, cet abaissement de Dieu qui nous a valu le salut, que nous nous inclinons avec foi et respect.
Dans les milieux monastiques surtout, il est habituel de s'incliner à la fin des psaumes au Gloire au Père. Cette inclination est un acte de foi au Dieu trinitaire.Entrez, inclinez-vous [...] Oui, il est notre Dieu; nous sommes le peuple qu'il conduit (Ps 94, 6.7). S'incliner, c'est incliner son coeur. Le corps vit ce que l'âme vit.
■ Bernadette Mélois