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■   Les gestes de la prière   ■


Un geste de vénération, le baiser

 

Dans le dernier article de cette rubrique, nous évoquions les marques de vénération, que l'Église admet et encourage. Parmi les gestes de la vénération, le baiser tient une place particulière et la liturgie en fait usage à plusieurs reprises.


Un gestre qui lie

Donner un baiser à quelqu'un n'est pas une action neutre. L'autre est, ou devient par le geste même, un familier, aussi la qualité du baiser dit le degré d'intimité qui lie les personnes. L'endroit du corps où est déposé le baiser, front, joue, bouche, main, voire pieds, indique également la nature des relations qu'entretiennent les personnes et qu'expriment les codes sociaux. Ce geste scelle une union.
Le baiser peut également être déposé sur des objets qui renvoient à celui qui l'a porté ou donné. Il est alors l'expression d'une relation avec quelqu'un par l'intermédiaire d'un objet.


Baiser l'autel

« Selon une coutume que la liturgie nous a transmise, on vénère l'autel et le livre des Évangiles par le baiser¹. »

» Ce geste de vénération de l'autel, qui est posé au début et à la fin de la célébration, souligne l'importance de l'autel. L'autel est le lieu où est rendu présent le sacrifice de la croix, il est aussi la table du Seigneur, où les fidèles sont invités à participer. Ces deux axes, autel du sacrifice et table du Seigneur, en font le centre de l'action de grâce qui se réalise pleinement dans l'eucharistie. Ainsi, déposer un baiser sur l'autel, c'est manifester sa volonté de s'unir au mystère pascal du Christ, et par le double baiser, au début et à la fin de la célébration, celle-ci est entièrement annoncée comme participation au mystère pascal. La vénération se veut adhésion profonde à l'acte de salut que la célébration actualise du début à la fin.


Baiser l'évangéliaire

L'évangéliaire reçoit aussi la marque de vénération particulière qu'est le baiser. À la fin de la proclamation de l'Évangile, le diacre porte l'évangéliaire à l'évêque, qui y dépose un baiser en prononçant à voix basse : « Que cet évangile efface nos péchés. » ensuite le livre est déposé sur une crédence. Comme pour l'autel, ce n'est pas l'objet en soi qui est vénéré, mais le Christ. Déposer un baiser sur l'évangéliaire, c'est prendre acte de l'efficacité de la Parole comme parole de salut et, en même temps, c'est reconnaître qu'en elle s'enracine la vie chrétienne.


Le baiser de paix

Le baiser de paix est une antique pratique dont la première lettre de saint Pierre donne le témoignage : Exprimez votre amour mutuel en échangeant le baiser de paix (1 P 5, 14). aujourd'hui, l'échange de la paix au cours de la célébration eucharistique revêt rarement la forme du baiser, mais le geste posé exprime néanmoins cette communion dans l'amour qui vient du Christ lui-même comme l'énonce la formule qui accompagne le geste. : « La paix du Christ. »
De manière particulière, lévêque donne également la paix aux nouveaux confirmés, aux ordonnés, aux vierges consacrées, etc.
Le baiser actualise l'union scellée avec le Christ, c'est pourquoi saint Augustin déclarait : « Puisse le coeur ne point trahir les lèvres² ».

■ Bernadette Mélois

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¹ - Présentation générale du Missel romain, n° 232
² - Sermon 227

 

               

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